vendredi 25 mars 2016

Reconnaissance et temporalités : pour un ancrage de ces concepts en SIC

J'ai eu le plaisir d'être invité au séminaire du pôle de recherche Discours, Texte, Espace Public, Société de mon laboratoire de recherche Elliadd, Université de Franche-Comté pour présenter l'ouvrage coordonné avec Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong : "Reconnaissance et temporalités. Une approche info-communicationnelle"


Reconnaissance et temporalités : pour un ancrage de ces concepts en SIC



Couverture ouvrage Reconnaissance et temporalités




Cette présentation s'est appuyée sur l'ouvrage collectif Reconnaissance et temporalités : une approche info-communicationnelle (Domenget, Larroche, Peyrelong, 2015) dont l'originalité est justement de proposer une approche info-communicationnelle des relations entre reconnaissance et temporalités. Ces deux concepts ont été jusqu’alors principalement abordés de manière distincte en SIC, même si quelques liens entre reconnaissance et temporalités ont déjà été proposés, notamment avec la notion de visibilité. Le présent ouvrage aborde ces liens sous un nouvel angle temporel, celui de l’épaisseur temporelle.

Cet ancrage théorique a été complétée par un cas d'étude autour des formes de reconnaissance d'expertise sur Twitter, analysées sous l'angle des temporalités. En effet, Une tension apparaît entre la reconnaissance d'expertises basées sur un temps long, un ensemble de compétences constituant une expérience, un renforcement d'évaluations positives sur la durée et l'impératif de visibilité, moteur d'activités de nombreux professionnels sur les médias socionumériques, renvoyant l'expertise à la dimension d'épreuve, basée sur l'urgence, le temps réel et l'immédiateté.

Les formes de reconnaissance d'expertise sur Twitter


Le propos vise à montrer que les formes de reconnaissance d'expertise qui se sont mises en place sur Twitter participent pleinement de la définition de catégories d'experts au sein des professions de la communication mais elles poussent également à l'invisibilité de certains traits identitaires (d'une épaisseur temporelle de l'individu), à la fois dans la durée (moyen, long terme) mais aussi dans l'articulation de temporalités au quotidien (notamment celles qui se jouent au travail et durant le temps libre).


3 modèles d'expertise sur Twitter


- Modèle d'expertise n°1 : l'engagement dans la communauté
Dans ce premier modèle d'expertise, être un expert reconnu par ses pairs, ce n'est pas posséder un savoir particulier sur tel ou tel domaine (cf la définition générale de Castra, 2012) mais c'est avant tout avoir un fort engagement dans la communauté.
Immergé dans le dispositif de communication, occupant une place de relais au sein de la communauté, l'expert de ce modèle mixe les échanges en ligne et les rencontres physiques, en gardant un objectif professionnel aux interactions construites.
Très (trop) prenant d'un point de vue de l'équilibre d'une équation temporelle personnelle (Grossin, 1996), ce modèle fait planer également un risque de burn out et se révèle donc être provisoire, difficilement tenable sur la durée.


- Modèle d'expertise n°2 : la crédibilité
La différence principale avec le premier modèle d'expertise tient à une visée plus large que la seule communauté constituée de pairs. Dans ce second modèle, l'expert cherche à avoir une influence sur une audience plus large, tout en restant clairement définie.
La crédibilité s'est révélée être le critère saillant qui permet d'envisager l'influence d'un expert.
En fait, dans ce modèle, l'expert doit alors être capable de répondre aux attentes d'une instance de reconnaissance, les clients, pour qui les enjeux économiques liés à l'expertise sont devenus essentiels.


- Modèle d'expertise n°3 : l'efficacité
Avec le modèle d'expertise de l'efficacité, nous rentrons dans le domaine de la massification des actions, d'une instrumentalisation poussée très loin de la présence en ligne et d'une conscience forte de l'importance des métriques.
Marqué par une recherche d'efficacité à tout prix, ce modèle d'expertise fait passer du domaine de la communication, avec l'entretien d'une relation, à la diffusion d'une information via un média. Il s'appuie sur une ambition de contagion dont l'objectif est de toucher une audience, cette fois-ci, la plus large possible.
Néanmoins, une limite de ce modèle d'expertise est apparue dans les résultats, à travers une dépendance de l'expert vis-à-vis du dispositif dans lequel s'est construite sa reconnaissance.

Aucun commentaire: