jeudi 14 juillet 2016

La culture numérique est-elle soluble dans le startupping ? - Séminaire Elliadd

A l'occasion de la sortie de la traduction française par Hervé Le Crosnier du livre de danah boyd, C'est compliqué. Les vies numériques des adolescents [1], je souhaite revenir sur sa venue lors de notre séminaire "Culture du numérique et éthique de la médiation", le 26 mai dernier. Hervé nous a proposé une séance magistrale ou plutôt d'une richesse inouïe pour déconstruire cette notion de culture numérique.

La culture numérique est-elle soluble dans le startupping ?


Résumé :
Les premières occurrences des recherches sur la culture numérique dans Google Trends datent de 2005. Mais les définitions sont encore très floues. Depuis l’art numérique jusqu’aux modèles économiques des jeunes pousses du web, c’est un vaste panorama que recouvre ce terme. Pourtant, malgré son étendue, la culture numérique est souvent revendiquée comme un outil essentiel pour définir les politiques concernant le numérique, pour permettre aux individus, aux jeunes en premier, d’acquérir leur autonomie, quand leurs vies sont plongées dans l’écosystème numérique. Il faut tenir compte des trois aspects de la culture pour préciser les champs de la culture numérique : une approche anthropologique (la culture issue des pratiques quotidiennes), une approche par la « pop culture » ou la « pop philosophie » (qui recueille l’écume des activités numériques), et une approche par la culture lettrée (qui émerge au sein du numérique, ou telle qu’elle est transformée par l’existence du numérique).
Whole Earth Catalog / Aux sources de l'utopie numérique

La culture numérique a-t-elle une histoire ?
Celle-ci est-elle consensuelle ? Autour du
livre de Fred Turner « Aux sources de
l’utopie numérique », nous pouvons réfléchir au déroulé d’un événement majeur qui s’est réalisé très rapidement, et sur la place des utopies, des discours et des mythes dans l’avènement d’une culture qui imprègne dorénavant la vie quotidienne.


La tête dans la toile
La culture numérique peut-elle être regardée en surplomb, indépendamment des pratiques, de l’humour et de la réflexivité qui imbibent les réseaux ? C’est cette fois autour du livre de Xavier de La Porte que nous pouvons réfléchir à partir de nos petites manies quotidiennes à une culture numérique qui se dessine comme un tableau tachiste. Enfin, penser la culture numérique peut-il se faire en dehors des enjeux économiques et des formes nouvelles de management qui ont accompagné le développement de nouvelles puissances issues directement du web ? De start-up en GAFA, c’est tout un modèle économique qui valorise la consommation et la puissance boursière, indépendamment de la création et de la circulation des biens culturels ainsi produits. Il s’agit au fond de tirer de la valeur de chaque activité des près de trois milliards d’internautes, et de la revendre sur les places boursières ou les nouvelles places de marché de la programmatique. Un bouleversement des fondements de l’économie qui a forcément des conséquences sur les productions culturelles et les échanges inégaux du cyberespace.

Peaufiner le concept de culture numérique soulève des questions de citoyenneté, de relation politique, d’acquisition de l’autonomie dans un monde où chaque pas, chaque activité est enregistrée, tracée, on peut même dire traquée. Peaufiner le concept est également mettre en avant le bricolage, l’inépuisable inventivité des internautes, la capacité à sortir des cadres imposés au sein même de ce système imposant.

Intervenant:
Hervé Le Crosnier

Hervé Le Crosnier est enseignant chercheur à l'Université de Caen Basse-Normandie. Ses enseignements portent sur les technologies de l'internet et la culture numérique. Ses cours de culture numérique délivrés en amphi sont filmés par le Centre d'Enseignement Multimédia de l'Université de Caen et rendus disponibles comme ressources éducatives libres (http://bit.ly/1tL3SjX ).

Ses recherches en informatique portent sur la notion de documents composites et multilingues. Son travail en sciences de l'information  et de la communication s'articule autour de la question des communs de la connaissance.

Hervé Le Crosnier est également membre associé de l'ISCC (Institut des Sciences de la Communication du CNRS). Il a publié dans la collection Les essentiels d'Hermès de cet institut deux ouvrages : La neutralité de l'internet : une question de communication (avec Valérie Schafer, 2012) et La propriété intellectuelle : géopolitique et mondialisation (avec Mélanie Dulong de Rosnay, 2013). Il y a organisé plusieurs séminaires sur les communs.

Il est éditeur multimédia chez C&F éditions, maison d'édition spécialisée sur les questions de culture numérique, de la société de l'information et des biens communs (http://cfeditions.com ).

Derniers ouvrages parus :
Culturenum : jeunesse, culture & éducation dans la vague numérique. (Coord. ouvrage collectif), C&F éditions, septembre 2013. Une introduction aux communs de la connaissance, C&F éditions, octobre 2015

[1] Vous trouverez un extrait de l'ouvrage avec la préface de Sophie Pène, l'avant-propos et le chapitre 1 sur l'identité sur le site de l'éditeur C&F Editions
Vous pouvez également accéder à la version anglais de l'ouvrage gratuitement sur le site de danah boyd
 

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